Un jour nous sommes partis. Elle d’abord, puis moi, émigration voulue par la carrière de nos pères. l’Administration avait décidé de «rapatrier » ses activités et ses hommes.
Notre culture était juive tunisienne mais la langue qui la portait était le français, il nous semblait naturel de nous retrouver…en France. C'était dans les années 1958/1959.
Nous en avions tant rêvé de ce grand pays pendant tout le temps vécu dans la pâle copie coloniale qui nous avait vu naître.
Nous l'aimions cette Tunisie, où se mêlaient tant de civilisations et de cultures en toute harmonie. Musulmans, chrétiens et juifs mêlaient leurs cultures. Curieusement rarement les familles. Les mariages mixtes étaient exceptionnels sans autres obstacles que les usages. L'Orient et l'Occident se confondaient sans heurts y compris dans le langage quotidien ou le français, l'arabe, l'italien étaient souvent imbriqués dans la même conversation. Nul doute que cette formation œcuménique et polyculturelle soit pour beaucoup dans l'élaboration du profil "TUN" comme on dit maintenant.
Pour certains de mes cousins, ce fut le Canada ou Israël.
En France, nous nous sommes épanouis, cultivés, les familles se sont développées. Notre communauté s'est accrue, enrichie sur tous les plans.
Cette culture sophistiquée, polymorphe nous a, pour beaucoup, aidés à pénétrer toutes les couches de la vie sociale, à tous les niveaux.
Mais pourquoi ? Trente à quarante ans plus tard, la génération issue de notre couple, bien ancrée dans la culture et la vie sociale de cette France si accueillante se prirent à rêver d’Amérique, de puissance financière, d’un monde nouveau et ce jusqu’à partir.
Pourquoi quitter ce tissu familial lentement élaboré pour affronter à nouveau les rigueurs et les désillusions de l’insertion dans un pays nouveau, une nouvelle langue, d’autres règles, d’autres perspectives et déjà des ancêtres sur un autre continent, pourquoi ?
il n'y a pas de hasard ! Souviens-toi, en 1980, un voyage quasi initiatique, comme un rêve qui s'accomplie, tous ensemble sur le "nouveau continent"aux riches paysages, au civisme si naturel, la découverte de nouvelles valeurs. Premier voyage aux Etats-Unis.
Cette imprégnation fut déterminante.
Stéphane le premier s'y installe en solitaire. Il y découvre d'autres aspects de ce pays dynamique. Il vit à New York. Cette ville est une jungle, il s'y insère pourtant, et peu à peu se transforme. Il lui faut reprendre les valeurs que Freddy lui avait sans cesse ressassées. Une véritable aventure dans une ville fascinante où toutes libertés semblent présentes mais où la loi ne se laisse pas déborder sans risques.
Judith le suit en 1992, David son mari rêve aussi de mouvements. Johan, leur premier fils et notre cinquième petit fils, naît aux USA en 1993.
Stephane participe à "USA Green Card Lottery" et nous y mêle. Evelyne gagne le droit de vivre et travailler aux Etats-Unis avec Freddy en 1996.
Nous vivons desormais en Floride, en retraite, quel vilain mot! En fait au soleil, sans contraintes horaires et le temps enfin de "revoir" ce film plus en détail. (a suivre)
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