lundi 30 août 2010

Zarathoustra et les Femmes

Il est étrange de constater que la plupart des philosophes entretiennent avec les femmes des rapports pour le moins difficiles. Les homosexuels n'étaient pas rares, leurs propos ou leurs analyses sur les femmes sont parfois singuliers. Nietzsche a eu beaucoup de difficultés avec les femmes. Parmi ses textes, dans : "Ainsi parlait Zarathoustra", le chapitre évoquant les femmes est vraiment délicieux. Une très belle analyse de l'Être féminin.
-"Pourquoi glisses-tu furtivement au crépuscule, Zarathoustra ? Et que caches-tu avec tant de soins sous ton manteau ?"
- "En vérité, mon frère, c’est un trésor qui m'a été donné, une petite vérité que je porte. Elle est espiègle comme un jeune enfant et si je lui ferme la bouche, il crierait trop fort. J'ai rencontré un jour me promenant seul au coucher du soleil une petite vieille qui parla ainsi à mon âme :
-"Zarathoustra s’est souvent adressé à nous, les femmes, mais il n'a jamais parlé Des Femmes."
Je lui répondis:
-"Ce n'est qu'aux hommes qu'on doit parler des femmes"
-"Tu peux me parler des femmes a moi aussi me dit-elle, je suis assez vieille pour tout oublier aussitôt."
Accédant à son désir, je lui dis :
-"Tout est énigme chez la femme, mais cette énigme a un mot, ce mot c’est la maternité.
Pour la femme l'homme est un moyen, la fin c'est toujours l'enfant. Mais qu'est-ce que la femme pour l'homme? L'homme digne de ce nom n'aime que deux choses: Le danger et le jeu. C'est pourquoi il désire la femme, le plus dangereux des jouets. L'homme doit être élevé pour la guerre, la femme pour le délassement du guerrier hors de cela tout est folie. Le guerrier n'aime pas les fruits douceâtres. C'est pourquoi il aime la femme, il y a de l'amertume dans la femme même la plus douce. La femme mieux que l'homme comprend les enfants mais l’homme est enfant plus que la femme. Tout homme digne de ce nom recèle en lui un enfant qui veut jouer. Allons, femmes, tâchez de découvrir l'enfant caché dans l'homme. Que la femme soit un jouet pur et délicat, pareil au diamant, étincelant des vertus d'un monde qui n'est pas encore. Faites passer dans votre amour le reflet d'une lointaine étoile. Que votre espérance soit: -Puissé-je enfanter le Surhumain ! Que votre amour soit brave! Fortes de votre amour attaquez-vous à celui dont vous avez peur. Placez votre honneur dans votre amour. La femme par ailleurs n'entend pas grand-chose à l'honneur. Mais votre honneur, c'est d'aimer plus que vous n'êtes aimées et de ne jamais demeurer en reste. Que l'homme craigne la femme qui aime, elle ne reculera devant aucun sacrifice et tout le reste lui paraîtra sans valeur. Que l'homme craigne la femme qui hait car l'homme au fond du cœur est méchant mais la femme est mauvaise. Quel est l'homme que la femme hait par-dessus tout ? Le fer dit un jour à l’aimant :
-"C’est toi que je hais par-dessus tout, tu m'attires, mais tu n'es pas assez fort pour me retenir."
Le bonheur de l'homme est de dire : je veux ! le bonheur de la femme c'est de pouvoir dire: il veut !
-"Voici le monde qui vient de toucher à la perfection ", telle est la pensée de toute femme dans l'instant où elle se soumet par amour. La femme a besoin d'obéir et de donner une profondeur à sa surface. L'âme de la femme est superficielle, c'est une surface mobile et agitée au-dessus d'un haut fond. Mais l’âme de l'homme est profonde, son flot mugit dans des cavernes souterraines, la femme pressent cette force, elle ne la comprend pas."
Alors la petite vieille me répondit :
-"Tu m’as dit là des choses fort agréables, surtout pour celles qui sont assez jeunes pour cela. C'est étrange, tu connais peu les femmes et pourtant tu les juges bien. Serait-ce parce, en matière de femmes il n'y a rien d'impossible ?"Accepte à présent en retour une petite vérité. Je suis bien assez vieille pour te la dire. Enveloppe-la bien et clos lui la bouche de peur qu'elle ne crie trop fort, cette petite vérité.
-"Donne-moi, O femme, cette petite vérité. "
Et la petite vieille me dit :
-"Tu vas chez les femmes ? N'oublie pas la cravache !"

Ainsi parlait Zarathoustra. (-1883 par Nietzsche(1844-1900)

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