Je n'en reviens pas, il m'arrive maintenant de m'étonner d'être moi-même! Trente-trois ans et deux mois, cela évoque un tiers de siècle. Le temps qui s'est écoulé, depuis que j'ai ouvert mon cabinet de médecin spécialiste. C'était en avril 1972.
Le mois d'Avril semble m'ouvrir des trajectoires. Ce même mois, près de cinquante ans plus tôt, le 14, commençait une histoire d'amour qui reste à ce jour le seul lien de continuité de mon histoire. Entre l'enfant des rues, façonné par une culture polymorphe et le médecin passionné qui vient de mettre fin à sa carrière, que de témoins ont disparus, que de naissances se sont greffées. Une famille s'est construite, Évelyne et Freddy, la fusion de deux vies qui n'avaient pas vingt ans et qui s'unirent à Paris, à la veille de Noël 1961. Je n'aime pas beaucoup les souvenirs et leur parfum de finitude, je reconnais néanmoins l'importance de certains repères qui jalonnent le cheminement de chacun et qui permettent de situer son histoire dans sa réalité.
Chacun naît, dit-on, avec une destinée! En fait, cette lecture ne se fait qu'à l'envers. Entre le cri du nourrisson à la naissance et le dernier souffle qui s'échappe d'un mourant, la distance peut varier de quelques minutes à un siècle. Ce qui se déroule dans cet intervalle, peut n'être qu'une étincelle sans lendemain ou une Lumière nouvelle dans l'espèce humaine, avec toutes les possibilités entre ces extrêmes.
Entre celui qui vit aujourd'hui en Floride, dans une petite ville en bordure de l'océan et l'enfant né à Tunis sur les bords de la mer Méditerranée, il y a eu près d'un demi siècle de vie en France.
Au fond, cela se résume à peu de choses, un Amour, une Famille, un Métier. Que de vies se sont accomplies sur ce trépied?
Il arrive que l'on soit tenté d'en découvrir une justification, aussi absurde que cela paraisse. Comme si la glèbe voulait savoir pourquoi la graine a germé ou la pluie si la graine l'attend ! Si l'on exclue la souffrance, toutes les vies se ressemblent mais si l'on y introduit la joie toutes les étincelles de vie méritent d'exister.
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